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Déclaration de CBC/Radio-Canada concernant la décision prise par le CRTC le 29 juin



Le « mot en n » est une insulte raciste et blessante, en français et en anglais. Dans les rares occasions où ce mot est utilisé par une organisation médiatique, il doit être mis en contexte afin d’essayer de minimiser le mal que son utilisation pourrait causer. 

 

En 2020, l’utilisation répétée de ce mot au cours d’une émission de radio de Radio-Canada a été blessante pour certains auditeurs et employés, bien que cela ait été fait dans un contexte journalistique. Certains de nos journalistes ont exprimé leur opinion sur le fait qu’il s’agit uniquement d’une question de liberté d’expression, mais nous savons que les mots peuvent blesser et doivent être utilisés avec soin. C’est pourquoi nous présenterons nos excuses à la personne qui a déposé une plainte. L’utilisation de ce mot est blessante pour plusieurs au sein de nos auditoires et de nos équipes, et nous en sommes profondément désolés. 

 

Nous allons ajouter une mise en garde à l’émission pour sa webdiffusion afin que les auditeurs soient avertis de ce qu’ils pourraient entendre. Radio-Canada lance une revue interne de ses politiques et normes relatives au langage qui peut être blessant. 

 

Nous le faisons parce que nous pensons que c’est la bonne chose à faire, et pas parce que le CRTC nous a dit de le faire. Depuis 2020, nous avons continué d'évoluer pour mieux refléter le Canada d’aujourd’hui tant dans nos contenus que dans notre effectif.

 

Nous avons écouté attentivement un large éventail d’opinions sur cette question, de la part de journalistes, de nos employés y compris nos employés noirs et racisés, et du grand public. Il s’agit de discussions importantes et émotives. Notre mandat vise à renseigner, à éclairer et à divertir les Canadiennes et les Canadiens. Nos émissions peuvent, à l’occasion, susciter de l’indignation et même être offensantes, mais comme diffuseur public, nous devons porter attention à ne pas être blessant.

 

Notre position sur le « mot en n » est claire. Dans sa décision, le CRTC n'a pas interdit l’utilisation de ce mot. Par contre, nous considérons que le CRTC a outrepassé ses pouvoirs en ce qui à trait à l'indépendance du diffuseur public. Sa décision du 29 juin dernier représente une menace parce que le Conseil tente de se donner le pouvoir de compromettre l’indépendance journalistique. Comme l’ont fait remarquer des voix dissidentes au sein même du CRTC, celui-ci n’avait ni l’autorité, ni la juridiction pour rendre cette décision et a, en exerçant son pouvoir discrétionnaire, ignoré la liberté de la presse que garantissent la Charte canadienne des droits et libertés et la Loi sur la radiodiffusion. Il s’agit d’une grave erreur. Nous ne pouvons tout simplement pas accepter cette ingérence du CRTC dans le travail journalistique au pays.

 

C’est pourquoi, après avoir suivi toutes les étapes décrites ci-dessus, nous devons faire appel quant au droit juridictionnel du CRTC de prendre des décisions qui devraient relever de nos chefs des nouvelles. L’indépendance journalistique est primordiale pour l’ensemble d’entre nous.

 

Cela ne modifie en rien notre détermination à soutenir les voix des journalistes racisés et à redoubler nos efforts pour faire évoluer notre propre culture à Radio-Canada et à CBC.